Aux Feuillantines
Je me réjouis de ta parole, comme celui qui trouve un grand butin
(Psaume 119:162)
Sur le haut d‘une armoire un livre inaccessible.
Nous grimpâmes un jour jusqu‘à ce livre noir ;
Je ne sais pas comment nous fîmes pour l‘avoir,
Mais je me souviens bien que c‘était une Bible.
Ce vieux livre sentait une odeur d‘encensoir.
Nous allâmes ravis dans un coin nous asseoir.
Des estampes, partout! Quel bonheur! Quel délire!
Nous l‘ouvrîmes alors tout grand sur nos genoux,
Et dès le premier mot il nous parut si doux,
Q‘oubliant de jouer, nous nous mîmes à lire.
Nous lûmes tous les trois ainsi, tout le matin,
Joseph, Ruth et Booz, le bon Samaritain ;
Et, toujours plus charmés, le soir nous le relûmes.
Tels des enfants, s‘ils ont pris un oiseau des cieux,
S‘appellent en riant et s‘étonnent, joyeux,
De sentir dans leur main la douceur de ses plumes.