Espérer contre toute espérance
L’espérance est une vertu, une détermination héroïque de l’âme. Bien plus, elle est un état d’esprit qui nous permet de nous préparer sereinement, intensément et dans le temps, à l’impossible qui doit arriver. C’est une attente confiante qui nous procure une grande paix intérieure, et même la joie, en balayant le doute et l’angoisse d’un seul revers de main.
Beaucoup d’entre nous avons dû parfois traverser de longs déserts douloureux qui nous ont peu à peu fait perdre espoir dans le présent, mais qui ont cependant développé notre espérance dans l’avenir, en tant qu’instinct de survie. A un instant précis de notre épreuve, nous avons donc fait un choix : nous n’avons pas voulu baisser les bras pour sombrer dans la désespérance et l’autodestruction, mais nous avons creusé et développé notre instinct de survie, devenant porteurs d’espérance.
Heureux sommes-nous, nous qui nous sommes tournés résolument vers l’espérance, car nous sommes alors devenus porteurs de germes de vie. Nous avons fait jaillir des étincel-les qui ont remis le feu à notre passion ardente pour la vie là où il n’y avait plus que des décombres et la mort.
Espérer c’est garder une ferme certitude.
Si je devais définir l’espérance d’une manière très personnelle, je dirais qu’elle représente une ferme certitude au présent de la rencontre future d’un événement ou d’une chose semblant impossible à obtenir humainement ou spirituellement.
L’espérance s’apprend, elle n’est pas innée ; elle n’est pas une émotion mais une décision et un choix. Un grand souffrant, une personne détenue en longue peine ou une personne en fin de vie, un homme politique recalé plusieurs fois aux élections, un étudiant poursuivant de longues études, sont obligés de développer leur espérance, sans quoi ils tombent dans le découragement et le désespoir.
Perdre une bataille n’est pas perdre la guerre, nous le savons : la vie réserve de magnifiques revirements à ceux et celles qui développent leur ténacité et leur foi dans un avenir meilleur, à ceux et celles qui ne croient pas dans la fatalité. Certains combats se prolongent sur le long terme et exigent une patience au-delà de toute imagination, faute de quoi ils ne sont pas remportés. Noé nous en offre l’exemple.
Philippe Auzenet - Espérer contre toute espérance